jeudi 9 février 2012

ÉCHANGES TRANSFRONTALIERS: Les commerçantesencolèrecontrelesdouaniers



Un rapport de la Banque mondiale a repris les dénonciations de graves abus portés contre les agents commis aux frontières entre la RDC et ses voisins, particulièrement des Grands lacs.



Les commerçantes interrogées ont déploré la violence, les menaces, les demandes de pots-de-vin et le harcèlement sexuel des douaniers et autres fonctionnaires. Dans une vidéo spéciale destinée à appuyer le rapport, il est repris les inquiétudes exprimées par une vendeuse d’œufs et de sucre de Goma, capitale du Nord-Kivu, ville frontalière avec le Rwanda. « J’achète mes œufs au Rwanda. Dès que j’entre dans le
Congo, je dois donner un œuf à chaque fonctionnaire qui me le demande. Certains jours, je donne plus de 30 œufs », témoigne-t-elle. Dans son rapport, la Banque mondiale (BM) invite l’ensemble du continent africain à prendre conscience d’une donne importante. Le ralentissement économique dans la zone Euro pourrait entraîner une baisse de 1,3% de la croissance africaine courant cette année, selon ses prévisions. La situation est jugée assez sérieuse pour conduire à des efforts supplémentaires des pays africains dans la « défragmentation du continent ». En effet, l’Afrique connaît une « fragmentation régionale » responsable, selon la BM, des pertes annuelles estimées à des milliards de dollars américains en revenus commerciaux potentiels. Il est alors impérieux de réduire les obstacles encore importants qui nuisent aux échanges avec les pays voisins. Le cas de la RDC et d’autres pays sont ainsi cités. Intitulé « La défragmentation de l’Afrique : approfondissement de l’intégration du commerce régional des biens et services », le rapport de la BM fait aussi état d’un paradoxe. Il est plus facile pour l’Afrique de faire des affaires avec le reste du monde qu’avec elle-même. « Alors que la situation de l’économie mondiale reste incertaine et que les marchés traditionnels d’Europe et d’Amérique du nord continueront probablement de stagner, il existe des opportunités considérables d’échanges transfrontaliers de produits alimentaires, produits manuffacturés de base et services qui demeurent inexploitées en Afrique », note le document.

L’Afrique en difficulté
Les plus grandes craintes tournent autour de la privation prévisible des nouvelles sources de croissance, de la perte de nouveaux emplois ou encore de la fragilisation des efforts de réduction de la pauvreté. En Afrique, les seules retombées du commerce régional sont la création des marchés d’envergure, la diversification des économies, la réduction des coûts et de la pauvreté ainsi que l’amélioration de la productivité. Mais l’on est encore loin de développer le potentiel réellement disponible.
Dans son état des lieux, la BM a relevé de graves entraves, notamment les implications nuisibles sur les petits
commerçants dont les femmes. « Il revient désormais aux dirigeants africains de joindre l’acte à la parole et de travailler ensemble pour harmoniser les politiques, le cadre institutionnel et mobiliser les investissements nécessaires pour établir un marché régional robuste à la mesure des aspirations du continent africain de son milliard d’habitants et de son économie de deux mille milliards de dollars américains », a fait remarquer
la vice-présidente de la BM région Afrique, Obiageli Ezekwesili.
Il s’agit d’une course contre la montre car le consensus est toujours maintenu sur la création d’un espace libre d’ici à l’an 2017. L’Afrique entend ainsi accélérer son commerce à travers le continent, comme l’ont fait les pays d’Asie de l’est et d’autres régions qui ont intégré leur commerce régional. Les réseaux frontaliers de production ont contribué effectivement au dynamisme économiquedans ces régions. Cela n’est pas encore le cas en Afrique.

Laurent Essolomwa

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