jeudi 22 janvier 2015

La baisse du pétrole: miracle, mirage ou carnage?


, RFI mercredi 21 janvier 2015
Le pétrole a perdu plus de la moitié de sa valeur en six mois et cette tendance baissière pourrait durer, c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour l'économie mondiale ?
A priori c'est une excellente nouvelle pour l'ensemble des pays importateurs. Au niveau actuel des prix du pétrole, la facture quotidienne des pays consommateurs est réduite de 10 à 5 milliards de dollars. Si les cours du brut se maintiennent en dessous de la barre de 50 dollars, la France verra l'addition s'alléger de 20 milliards d'euros sur un an. Même les sociétés pétrolières sont optimistes. Le nouveau patron de Total Patrick Pouyanné estime que la baisse va encourager la demande et donc in fine faire remonter et les volumes consommés et les prix.
Au Fonds monétaire international, l'enthousiasme est plus mesuré. Christine Lagarde s'en est d'abord réjoui, mais dans ses dernières prévisions, le FMI relativise, car les pays en panne, le Japon, l'Europe, plus la Chine qui ralentit ont des difficultés telles que la seule baisse du pétrole ne peut résoudre à elle seule. C'est pourquoi le FMI a légèrement revu à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année. À Davos, les prix Nobel d'économie sont plus optimistes et continuent à penser que l'activité mondiale sera globalement gagnante. La chute des cours provoque surtout, affirment-ils, une redistribution des revenus, de la poche des producteurs vers celle des consommateurs. 
Avec des conséquences négatives pour les pays exportateurs
La chute des cours amplifie les déséquilibres dans les pays pétrodépendants fragiles. On pense tout de suite au Venezuela, son président Nicolas Maduro fait un tour des capitales amies pour quémander un peu de solidarité. Des effets négatifs se font sentir dans beaucoup d'autres pays exportateurs d'or noir, en Russie, en Iran, au Nigeria ou encore en Algérie. Jusqu'où ces pays peuvent-ils supporter ce contre-choc ? La question est cruciale au regard des précédents reflux des cours du baril.
Selon l'analyste pétrolier Olivier Jakob, le baril qui plonge à 10 dollars en 1985 a conduit l'Algérie vers la faillite et les réformes mises en place pour éviter la banqueroute ont déchaîné la révolte de la rue inspirée par les islamistes. Autre conséquence de cette baisse, en 1990, l'Irak surendetté accuse le Koweït d'inonder les marchés et en représailles, l'envahit. Vous connaissez la suite… La crise financière qui a éclaté en Russie en 1998 fait suite à une autre période de baisse des cours intervenue en 1997-1998. et la liste n'est pas terminée.

Quelles sont les crises financières ou géopolitiques à redouter dans les prochains mois ?
Le Nigeria déstabilisé par Boko Haram avec une élection présidentielle en vue est un foyer potentiel de crise, tout comme l'Algérie affectée financièrement, mais aussi géographiquement par les tensions permanentes chez son voisin libyen. Il est impossible de prévoir les turbulences, en revanche ce qui est certain, c'est que les investisseurs prennent en compte ce risque et remettent leurs investissements à plus tard, c'est le deuxième effet récessif de la baisse des cours pour les pays les plus exposés.
L'autre question clé, c'est la tendance durable des marchés pétroliers, et cela, nul n'est en mesure de la prédire au-delà des six mois qui viennent. En 2014, l'agence internationale de l'énergie (AIE) craignait que les pays producteurs soient incapables de satisfaire la demande au second semestre, c'est précisément à cette période que la demande s'est essoufflée et les prix se sont effondrés.

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