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30 Jan 2012 11:09 PM PST
Le monde subit un nouveau choc pétrolier « rampant », les prix du
brut ayant atteint des records annuels en 2011 et allant se maintenir à des
niveaux très élevés en 2012, selon le bilan annuel de l’Institut français du
pétrole et des énergies nouvelles.
« Le monde a été confronté en 2011 à un
véritable choc pétrolier rampant, et en 2012 le marché devrait rester tendu », a
estimé mardi au cours d’une conférence de presse Olivier Appert, président de
l’IFP Energies Nouvelles.
Il a souligné qu’à 111 dollars le baril
en moyenne l’an dernier, le prix du Brent était supérieur de 30 dollars à la
moyenne annuelle de 2008, lorsque le brut avait culminé en cours d’année à plus
de 147 dollars. De plus, il a dépassé en monnaie constante le record annuel
historique atteint en 1980, lors du deuxième choc pétrolier, qui était de 98
dollars le baril.
Cette envolée est liée selon M. Appert à un double effet :
les pressions sur la demande se sont poursuivies malgré les difficultés
économiques, et se sont conjuguées aux effets des tensions géopolitiques liées
au printemps arabe.
Pour 2012, l’ex-IFP, organisme public de recherche sur
l’énergie, voit deux tendances contradictoires à l’œuvre, qui risquent de se
contrebalancer et de maintenir du coup les cours à des niveaux très
élevés.
D’un côté, l’affaiblissement de la croissance dans l’OCDE devrait
peser en faveur de corrections baissières, mais de l’autre, les incertitudes
géopolitiques (et notamment l’embargo européen sur le pétrole iranien) vont
tirer les cours à la hausse.
L’IFP Energies Nouvelles table donc dans son
scénario central sur un prix du baril qui devrait osciller entre 100 et 120
dollars.
Il a par ailleurs établi deux scénarios alternatifs : l’un verrait
le brut grimper à plus de 120 dollars en cas de fortes tensions au Moyen-Orient,
et l’autre le verrait au contraire redescendre entre 80 et 100 dollars, si la
croissance mondiale était fortement affectée par la crise qui secoue les pays
occidentaux.
Concernant l’embargo européen sur l’Iran, M. Appert estime que
ses effets sur le marché pétrolier seront en partie compensés par une
augmentation de la production d’autres pays, notamment l’Arabie Saoudite. Mais
cela réduira fortement les capacités de production non utilisées, ce qui risque
d’avoir des « effets psychologiques » sur le marché.
Quant à la menace agitée
par Téhéran d’un blocage du détroit d’Ormuz, par où transite une large part des
exportations mondiales de pétrole, il a rappelé un précédent intervenu lors de
la guerre Iran-Irak à la fin des années 1980.
Les pays occidentaux avaient dû
protéger militairement des navires pétroliers circulant dans la zone. Cela
n’avait eu pratiquement pas d’impact sur les cours, « mais le marché n’était pas
tendu » à cette époque, a-t-il rappelé.
Concernant le marché gazier,
l’institut a souligné que 2011 avait confirmé la déconnexion entre les
principaux marchés.
Les prix des contrats d’approvisionnement à long terme en
Europe ont grimpé de 37%, dans le sillage des prix du pétrole, et les cours ont
été soutenus en Asie par la catastrophe nucléaire de Fukushima, qui a forcé
brutalement le Japon à augmenter ses importations de gaz naturel pour compenser
l’arrêt de la plupart de ses réacteurs.
A l’inverse, les prix ont poursuivi
leur dégringolade aux Etats-Unis, à cause du développement spectaculaire de
l’exploitation des gaz de schiste, le pays étant même désormais en passe de
devenir exportateur net de gaz naturel.
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