Vérone MANKOU
Vendue à bas prix, dès la fin de ce mois, la “Way-C” est la première tablette conçue sur le continent noir. Selon son concepteur congolais (Brazzaville), elle devrait bientôt débarquer en Belgique.
C’est l’une des (bonnes) surprises à laquelle Vérone Mankou, 25 ans,
concepteur de la “première tablette numérique africaine”, ne s’attendait
pas du tout. Alors que son modèle était destiné à l’Afrique, voici que la moitié
des 7 500 réservations en ligne proviennent… d’Europe. Dont une bonne partie de
Belgique. “Mais pour votre pays, nous cherchons encore des distributeurs
“, nous explique, via courriel, M. Mankou.
Malgré l’absence totale de promotion et d’action marketing vers le Vieux
continent, la “Way-C” de la société VMK devrait donc prochainement arriver en
Europe.
Mais cette tablette – que son concepteur présente comme la tablette “la
moins chère du marché, du moins si l’on se base sur le rapport
qualité/prix” – sera d’abord commercialisée, dès la fin janvier, au Congo-
Brazzaville, patrie de M. Mankou. Son prix ? 150 000 francs CFA, soit environ
230 euros, pour une tablette tactile de 7 pouces et de 4 Gigas de mémoire,
fonctionnant avec Android et disposant de la plupart des atouts de ses
concurrentes. Le 3G en moins.
“La version actuelle n’est que Wifi, mais nous lancerons bientôt un modèle
3G, légèrement plus coûteux.” La “Way-C” a été présentée officiellement à
l’ouverture du “Sommet sur les technologies Internet” de Brazzaville en
septembre dernier devant plusieurs experts mondiaux.
Et quand on évoque le fait que cette tablette n’est pas vraiment africaine
puisqu’elle est assemblée en Chine, à Shenzen, Vérone Mankou s’énerve (un peu).
“En quoi l’Ipad serait une tablette américaine alors qu’il est aussi fabriqué
en Chine ? Près de 90 % des tablettes sur le marché sont assemblés en Chine. La
nôtre est africaine dans son design et sa conception.”
D’ailleurs, l’idée de l’ingénieur est, dans un second temps, de mettre au
point une tablette “entièrement congolaise”. “Nous sommes actuellement
en train de chercher des investisseurs pour créer une ligne d’assemblage au
Congo. Cela nous permettrait de diminuer nos coûts, tant au niveau des
transports que des taxes d’importation, pousuit le directeur général de VMK.
Notre partenaire chinois a promis de nous aider à former notre
personnel”
L’histoire de la tablette de VMK – dont la commercialisation a été plusieurs
fois retardée – ressemble à celle du parcours du combattant. Le projet n’est pas
neuf. Ainsi, M. Mankou explique que l’idée de cette tablette lui est venue dès
la sortie, en 2007, de l’Iphone d’Apple. “A l’époque, je travaillais pour un
fournisseur d’accès Internet à Brazzaville, explique-t-il. Nous
planchions sur une solution pour donner davantage d’accès à Internet et à bas
prix à la population congolaise. Quand j’ai vu le projet de Steve Jobs, j’ai eu
comme une révélation. Je me suis dit qu’un gros Iphone bon marché, une tablette
tactile, pouvait être la solution à ce casse-tête qui nous préoccupait.”
En 2009, le jeune Congolais décide de voler de ses propres ailes et fonde son
entreprise, VMK. “Dès cette époque, j’avais tout ce qu’il fallait,
techniquement, pour lancer ma tablette, poursuit M. Mankou. Mais il me
manquait les moyens financiers et j’ai donc laissé tomber”.
Faute de pouvoir lancer son projet, VMK se spécialise dans la communication
Internet. Mais l’idée trotte encore et toujours dans la tête de Vérone Mankou,
qui frappe à toutes les portes pour trouver des investisseurs. “Beaucoup de
banques ont refusé poliment. Ici, elles ne croient pas trop en l’innovation,
mais nous avons eu la chance d’être soutenus par l’Etat congolais qui a vu le
potentiel de notre projet.” Notamment en matière d’éducation : un modèle
allégé de la tablette, avec un microprocesseur moins puissant et un disque dur
de 2 Gigas sera ainsi proposé dans différentes écoles congolaises, à moindre
prix (100 000 CFA).
Bien qu’il lorgne vers les marchés européens, le directeur général de VMK
croit plus que jamais au sursaut technologique africain.
“Vous savez, sur le plan technologique, le marché occidental arrive à
saturation. Les indicateurs nous le prouvent, la croissance des ventes des
fabricants n’est plus aussi importante qu’auparavant, explique l’ingénieur. Dans
les cinq années qui viennent, les marchés asiatiques et de l’Amérique latine le
seront aussi. Sur la carte, il ne reste donc plus que l’Afrique où il y a tant à
faire. Le potentiel est bien là, et est palpable. C’est un fait !”
La société VMK lancera d’ailleurs un smartphone en juin prochain.
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